Interrogé sur TF1, le nouveau ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé son intention d’allonger « les gardes à vue à 72 h au maximum » contre « 48 h aujourd’hui » uniquement « dans les cas de violences sexuelles aggravées, des féminicides, qu’on a évidemment du mal à résoudre dans notre pays ».
Cette mesure permettrait, selon lui, de « mettre sous protection la femme menacée, violentée, agressée », de « faire les constatations de la police technique et scientifique » et enfin « d’interroger plus longuement la personne » suspectée de ces faits. Il a précisé que le procureur de la République pourra « lever, quand il souhaite, la garde à vue ».
Gérald Darmanin, invité de Jean-Baptiste Boursier sur TF1
“La société doit tirer toute une leçon du procès de Dominique Pélicot. Je propose que dans les cas de violences sexuelles aggravées, des féminicides, les gardes à vue puissent aller jusqu’à 72 heures.” pic.twitter.com/shjyC84veH
— TF1Info (@TF1Info) December 26, 2024
Le nouveau garde des Sceaux fait cette annonce quelques jours après l’annonce du délibéré à l’issue du procès des viols de Mazan (Vaucluse). Le 19 décembre dernier, la cour criminelle du Vaucluse a en effet condamné Dominique Pélicot à 20 ans de réclusion criminelle et déclaré coupables 50 coaccusés. « C’est la société qui doit en tirer toute une leçon », a déclaré Gérald Darmanin ce jeudi soir.
« Brouillage » et opérations « place nette » dans les prisons
Le ministre de la Justice, qui veut poursuivre le travail mené par ses prédécesseurs, se dit également favorable à l’idée d’« imaginer des opérations “place nette” dans les prisons » et ainsi de « nettoyer » ces centres. L’idée étant que les gens n’aient « pas de téléphone portable » dans ces établissements, d’être « très présents » et de « condamner » les personnes qui en ont. Le garde des Sceaux veut donc « très rapidement » mener une réflexion sur « des solutions techniques (…) de brouillage » dans « l’intégralité » des sites pénitentiaires. « Des détenus ont des téléphones, gèrent leur trafic, commandent des assassinats de leur prison, c’est inacceptable, rappelle le ministre de la Justice. Si la prison est un QG où l’on continue son trafic, ça n’a aucun sens ».
Exécution des peines, surtout les plus courtes
Comme annoncé mercredi lors de son passage à Amiens, il dit souhaiter, outre une hausse des effectifs de magistrats, de greffiers, que toute « peine prononcée soit immédiatement exécutée ». « Il faut imaginer les choses différemment, et imaginer des centres de détention à taille plus humaine où on a des gens qui font quelques mois de condamnation, et qu’on ne les mélange pas avec des gens qui font dix ans, 20 ans ou 30 ans de prison pour des crimes plus graves ». Et le ministre d’illustrer : « Ce qui compte, c’est que la peine soit aussi pédagogique : quand on a 19 ou 20 ans, et qu’on est arrêté pour un délit, ça n’a aucun sens d’être condamné des années après ce premier fait », d’autant que le risque est, selon lui, de s’enfoncer « dans de la délinquance plus grave ».