(Washington) Le soutien répété du président désigné Donald Trump à l’égard de TikTok a relancé les spéculations autour d’une solution potentielle qui éviterait à la populaire plateforme de se retrouver interdite aux États-Unis, même si les conditions semblent pour l’heure nébuleuses.
« On va devoir la garder dans le coin pour quelque temps encore », a déclaré M. Trump lors d’un rassemblement dimanche, quelques jours après une rencontre dans son fief floridien avec le patron de TikTok, Shou Zi Chew.
Initialement opposé à la plateforme, le candidat républicain estime aujourd’hui qu’elle lui a permis de toucher une jeune audience et n’est plus trop sûr de l’intérêt de l’interdire, un mouvement qui favoriserait selon lui Meta, la maison mère de Facebook et d’Instagram.
Mais difficile d’avoir une idée de l’issue qui pourrait se dessiner, estime Carl Tobias, professeur de droit à l’Université de Richmond, en particulier du fait de la nature imprévisible du président désigné.
En avril dernier, le Congrès a très largement voté en faveur d’une loi imposant à la maison mère de TikTok, ByteDance, de vendre ses activités américaines avant le 19 janvier, faute de quoi la plateforme serait interdite.
Et revenir en arrière, même après la victoire de Donald Trump et le fait que les républicains disposent d’une majorité du Congrès, ressemblerait à une véritable course d’obstacles.
D’autant que la question est l’une des rares à rassembler les deux camps, ce qui rend la possibilité de revenir sur la loi très hypothétique.
La solution pourrait dès lors venir de la Cour suprême, vers qui TikTok s’est tournée, estimant que la loi ne respecte pas le premier amendement de la Constitution, qui interdit au Congrès de restreindre la liberté d’expression.
La demande sera étudiée par la Cour, largement dominée par les conservateurs, le 10 janvier, soit neuf jours avant l’entrée en vigueur de l’interdiction.
Une autre possibilité serait que le département de la Justice déclare que ByteDance a apporté des réponses aux inquiétudes liées à la sécurité nationale justifiant la loi.
Mais cela pourrait être assimilé par le Congrès comme un geste de faiblesse à l’égard de la Chine de la part du président.
La dernière solution serait que ByteDance revende ses parts à des investisseurs non chinois, une possibilité que l’entreprise a constamment repoussée.
D’autant que le rachat des activités américaines, avec ses 170 millions d’utilisateurs mensuels, coûterait très cher. En tant que président, Donald Trump pourrait retarder de 90 jours l’interdiction afin de faciliter l’opération.
« L’affaire du siècle »
Quelques acheteurs potentiels sont sortis du bois.
Parmi eux, l’ancien secrétaire au Trésor de M. Trump, Steven Mnuchin, qui dirige un fonds de placement disposant de fonds provenant du japonais SoftBank Group ou du fonds souverain d’Abou Dabi.
Récemment en visite à Mar-a-Lago, en Floride, pour rencontrer Donald Trump, Masayoshi Son, le patron de SoftBank, a annoncé vouloir investir 100 milliards de dollars aux États-Unis, sans donner plus de détails.
Parmi les potentiels autres acheteurs, le milliardaire américain et propriétaire de l’Olympique de Marseille Frank McCourt, qui souhaite rendre les réseaux sociaux plus sûrs par l’entremise de son organisation, Liberty Project.
Du fait de sa proximité avec Donald Trump, Elon Musk, déjà propriétaire du réseau social X, pourrait également avoir un rôle à jouer, alors qu’il a déjà exprimé sa volonté de transformer X en quelque chose se rapprochant de TikTok.
Selon un élu républicain, la solution pourrait venir d’une sorte d’« affaire du siècle », orchestrée par M. Trump, qui préserverait les intérêts de ByteDance tout en répondant aux inquiétudes des États-Unis.
Selon le président de la Commission sur la Chine à la Chambre des représentants, le républicain John Moolenaar, la situation pourrait évoluer rapidement une fois que ByteDance n’aura plus le choix.
Mais tout accord pourrait nécessiter le feu vert de Pékin, une gageure alors que les relations entre les deux premières puissances économiques risquent de rester tendues durant le second mandat de Donald Trump.
Mais il s’agira cette fois de trouver une solution définitive à la question de TikTok aux États-Unis, après une première tentative en 2020, à la fin du premier mandat de M. Trump.
Les entreprises américaines Oracle et Walmart avaient signé un accord préliminaire avec ByteDance pour entrer au capital de TikTok, mais une décision de justice puis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden avaient mis fin à l’opération.