En mars 2000, le XXIème siècle s’ouvre avec fracas sur l’éclatement de la bulle Internet. Depuis 1995, les investisseurs, excessivement confiants vis-à-vis des retombées économiques des TIC, misaient massivement sur les entreprises de ce secteur. Or, en 2000, cette confiance généralisée bascule : on réalise que nombre de ces sociétés ne sont pas viables. Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt bride le crédit, freinant la surenchère des investissements. Les valeurs boursières des entreprises du secteur, dont la hausse était auto-entretenue par une surestimation de leurs gains, s’effondrent.
La bulle est une déconnexion entre la valeur intrinsèque d’un actif et le prix qui lui est donné sur les marchés. Cette déconnexion est favorisée par un climat de confiance dans l’économie, qui amène les agents économiques à surestimer les gains qu’ils pourront retirer d’un actif lorsqu’ils le revendront. Le gonflement de la bulle correspond donc à l’agrandissement de cet écart, auto-entretenu par des investisseurs désireux de détenir un actif toujours plus coté. Phénomène économique ancien, les bulles ont été favorisées ces dernières années par une généralisation du comportement spéculatif, et posent, en filigrane, la question de l’évaluation de la valeur intrinsèque d’un bien.
La question des déterminants de la bulle divise, car elle met en concurrence des visions différentes de l’économie et du marché. Jusqu’en 2008 et la bulle des subprimes, de nombreux économistes postulent que le marché est efficient par défaut. Selon eux, les bulles seraient le fait de décisions et/ou d’agents irrationnels qui viendraient dérégler l’état stable de l’économie. L’ampleur de la crise a remis en cause cette explication des bulles par des facteurs exogènes. Fort des apports théoriques de Keynes, un autre courant économique postule que l’instabilité est inhérente au fonctionnement de l’économie, et que les agents ont rationnellement intérêt au calcul spéculatif.
L’étude des bulles questionne les raisons de l’instabilité financière, que des autorités agréées tentent aujourd’hui de limiter. Cette régulation doit prendre en compte, depuis quelques années, la généralisation des algorithmes sur les marchés financiers. Plus rationnels que les traders, les algorithmes, et notamment le “trading à haute fréquence”, encouragent surtout la course à l’information et favorisent les surréactions.