La violence continue de déstabiliser les régions orientales de la République Démocratique du Congo (RDC), où l’armée congolaise a récemment obtenu des victoires significatives contre le groupe rebelle M23. Dans le week-end dernier, les forces congolaises ont annoncé avoir repoussé les combattants du M23 dans le Sud-Kivu, parvenant à reprendre plusieurs villes stratégiques des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Ces avancées marquent une étape importante dans le conflit qui oppose l’armée congolaise à ce groupe rebelle, qui depuis sa résurgence fin 2021, a réussi à capturer de vastes portions de territoire dans l’Est du pays.
Le porte-parole de l’armée congolaise, Guillaume Ndjike Kaiko, a confirmé ces succès, précisant que plusieurs localités, autrefois occupées par le M23, sont désormais sous contrôle des forces régulières. Ces victoires ne sont pas négligeables, car elles interviennent après une période de forte pression exercée par les rebelles sur l’armée congolaise, notamment dans les zones stratégiques proches des frontières rwandaise et ougandaise.
Les tensions régionales : le Rwanda accusé de soutenir le M23
Le M23, composé principalement de combattants tutsis, a été formé à la suite d’un conflit de longue date entre le gouvernement congolais et les groupes armés dans l’Est de la RDC. Son nom fait référence à l’accord de paix signé en mars 2009, l’Accord de paix de Goma, que le M23 accuse le gouvernement de ne pas avoir respecté. Après une phase de silence, le groupe a fait son retour sur le devant de la scène fin 2021, reprenant rapidement des territoires au sein des provinces de Kivu, avant de concentrer ses attaques sur des zones stratégiques comme la ville de Goma.
Le retour en force du M23 a ravivé les tensions entre la RDC et son voisin rwandais. Des accusations ont été portées contre le Rwanda, affirmant qu’il soutiendrait les rebelles du M23, bien que Kigali ait systématiquement démenti ces accusations. Les Nations Unies et plusieurs acteurs internationaux ont exprimé leurs préoccupations concernant l’impact de cette guerre sur la stabilité régionale et la sécurité des populations locales.
Soutien tacite ou direct du Rwanda aux rebelles du M23
Dans ce contexte tendu, le président rwandais Paul Kagame a récemment lancé un appel à la négociation entre le gouvernement congolais et le M23, incitant à une résolution pacifique du conflit. Cette proposition de dialogue met en lumière l’ampleur des enjeux géopolitiques sous-jacents, car la région des Grands Lacs est marquée par des rivalités et des alliances fluctuantes entre les différents acteurs, y compris les groupes armés et les puissances voisines.
Les accusations de soutien du Rwanda au M23 alimentent une spirale de méfiance et de violences, exacerbant les souffrances des populations civiles dans les provinces orientales de la RDC. Le M23 bénéficie de bases arrière au Rwanda, selon des rapports, bien que Kigali réfute toute implication directe. Le Président congolais Félix Tshisekedi a dénoncé à plusieurs reprises ce qu’il considère comme un soutien tacite ou direct du Rwanda aux rebelles du M23, exacerbant ainsi les tensions diplomatiques.
Un contexte de violence persistante
Le combat contre le M23 fait partie d’une dynamique plus large de violence et d’instabilité qui secoue l’Est de la RDC depuis plus de deux décennies. Cette région, riche en ressources naturelles, est un terrain de guerre pour divers groupes armés, souvent soutenus par des puissances régionales aux intérêts divergents. La guerre entre le M23 et les FARDC (Forces armées de la République Démocratique du Congo) fait partie d’un conflit qui tire en longueur, où se croisent des enjeux ethniques, économiques et politiques.
L’armée congolaise, bien qu’ayant remporté plusieurs victoires contre les rebelles, reste confrontée à des défis de taille. Les tactiques du M23, qui consistant à s’infiltrer dans des zones urbaines et à mener des attaques asymétriques, compliquent les efforts pour restaurer l’ordre et la paix dans l’Est du pays. Les civils, pris entre les feux croisés des groupes armés et des forces gouvernementales, continuent de souffrir des conséquences humanitaires de ce conflit.
La situation reste volatile, et bien que des victoires militaires aient été enregistrées par les FARDC, la fin de cette guerre semble encore loin. Le rôle du Rwanda dans ce conflit continue de peser lourdement sur les perspectives de paix et de stabilité dans la région.