Le 28 avril 2023, le conseil des ministres adoptait le décret portant promotion du port du Faso Dan Fani, du Koko dunda et autres tissus traditionnels au Burkina Faso. Après les professeurs d’université, c’est au tour des magistrats et des greffiers, de se vêtir désormais en Faso Dan Fani. Une innovation qui s’accorde avec la dynamique actuelle des autorités, qui prônent le consommer local. La cérémonie officielle de port des costumes endogènes d’audience a été présidée par le Premier ministre, Dr Apollinaire Kyelem de Tambela ce lundi 18 novembre 2024.
Le port des costumes d’audience en Faso Dan Fani est une initiative du gouvernement. Il vise à promouvoir l’identité culturelle du pays et à redynamiser l’économie nationale. « Notre coton sera transformé sur place créant une plus-value. Nos tisseuses auront davantage de la matière, nos couturières et couturiers pourront augmenter leurs chiffres d’affaires, participant ainsi à la création de la richesse nationale sans laquelle il n’y a pas de développement possible », a souligné Me Edasso Rodrigue Bayala, porteur du discours du Premier ministre.
« Demeurez des femmes et des hommes de justice intègres ! »
La toge des acteurs judiciaires est noire comme l’ancienne. Pareil pour la toque. Les manches, les colles de la toge, ainsi que le contour de la toque, sont brodés en couleur jaune or. Et sur le vêtement des magistrats par exemple, il y a à droite, le drapeau du Burkina Faso et un glaive qui transperce une balance. Un ensemble de symboles rappelant que la justice est faite au nom et pour les Burkinabè ; mais aussi, que le juge, en tranchant un litige, doit tenir compte de l’équité. Ce fut donc l’occasion pour le ministre en charge de la justice, de rappeler cela aux magistrats, les incitant à demeurer professionnels.
« En l’état actuel de mes souvenirs, je crois que c’est une grande première pour notre pays. Le port des toges d’audience de notre terroir nous interpelle et nous appelle au-delà de l’habillage du costume, à cultiver aussi les valeurs sociales et morales de notre société ; ces valeurs d’intégrité et de patriotisme. Alors demeurez des femmes et des hommes de justice intègres et patriotes, qui participent à la construction d’un pays libre et prospère par une justice crédible, accessible et répondant aux aspirations du peuple burkinabè au nom duquel elle est rendue », a-t-il lancé.
Une toge 10 fois moins cher que celle importée
Selon le ministre de la justice et des droits humains, chargé des relations avec les institutions, garde des sceaux, ce costume coûte nettement moins cher, par rapport à celui que portaient les acteurs judiciaires. « Le plus bas niveau des toges importées coûte 900 000 francs CFA. Sinon, nous avons des toges de 2 à 3 millions de francs CFA qu’on importait. Mais aujourd’hui, nous avons, grâce à l’ingéniosité de l’ensemble des acteurs, une toge à 150 000 francs CFA, soit dix fois moins cher par rapport à celle que nous avions », s’est réjoui Edasso Rodrigue Bayala.
« Nous avons utilisé une teinture de très bonne qualité »
Le hic souvent avec les habits en Faso Dan Fani est la couleur qui se déteint au fil du temps. Soulevant cette préoccupation, la styliste Alida Bazié, celle-là par qui ces toges sont désormais disponibles et à un coup raisonnable, rassure. « On a une équipe assez importante qui fait bien le travail. Ce qui fait que la confection d’une toge ne prend pas trop de temps. Ce travail que vous voyez là par exemple a été fait en moins de trois mois. Concernant la couleur, on a utilisé de la très bonne teinture qu’on a allié à un tissage vraiment très parfait. Il n’y a pas à craindre pour cela », a-t-elle laissé entendre.
Erwan Compaoré
Lefaso.net